Impressions après trois jours dédiés à la technologie

À l’aube de l’ouverture du salon Indumation, l’anxiété était au rendez-vous. Alors que les exposants mettaient la touche finale aux stands le mardi soir, la circulation fut bloquée cinquante mètres plus loin. Les agriculteurs avaient atteint Courtrai et ils avaient promis de revenir pendant le salon. Cela a sans douté freiné l’enthousiasme de certains visiteurs. Mais près de 10 000 visiteurs ont fait le déplacement pour obtenir des réponses à leurs questions et projets concrets. Ils ont été accueillis par 250 exposants répartis sur une surface d’exposition agrandie. 

Les organisateurs Industrialfairs, Agoria et Indumotion étaient unanimes à l’issue du salon. « Ce fut une édition grandiose, très fréquentée et de grande qualité qui a, une fois de plus, rassemblé, informé et inspiré la communauté de l’automatisation industrielle au Benelux. »  

La nocturne, en particulier, a attiré la foule. D’autres nouveaux événements organisés le mercredi (Tech Guru Explosition) et le vendredi (Friday Teamday avec deux classes d’immersion) ont animé le salon. Le « calme » relatif du mercredi et du vendredi a permis d’approfondir des thèmes concrets. 

Ce n’est pas évident pour les entreprises manufacturières de penser à investir. Les prévisions économiques sont en baisse, les taux augmentent, les chaînes d’approvisionnement sont défaillantes … Ou est-ce au contraire autant de bonnes raisons ? Suite à la pénurie de main-d’œuvre technique, l’automatisation reste souvent la seule solution possible. Qu’il s’agisse de construction de machines, d’armoires de commande, de lignes de production, … Les entreprises ne trouvent pas les bonnes personnes capables d’exécuter le travail avec la même qualité. Il faut alors automatiser et digitaliser. De nombreux entretiens à Indumation portaient sur les mêmes questions : comment améliorer les machines et les processus pour produire plus avec les mêmes personnes ? 

Les entreprises attendent plus d’expertise de la part des fournisseurs. « Pousser des cartons » ou vendre des produits sur catalogue n’est plus une raison d’être. La vague de la numérisation et les nombreux webshops s’en chargent. Celles qui savent exactement ce qu’elles veulent, numéro d’article inclus, commandent leurs produits elles-mêmes : la plateforme leur offre les meilleurs prix, une grande facilité d’utilisation, le meilleur devis, peu importe ce qu’elles cherchent. Les fournisseurs de technologies qui s’en sortent bien aujourd’hui vont plus loin et les conseillent sur la meilleure solution technique, aident les constructeurs de machines à mettre en place les modèles « as a service » ou fournissent des services de support dans des domaines comme la sécurité, pour apporter de la valeur ajoutée. Prendre le temps de discuter avec les bonnes personnes est ce qui a poussé les acteurs de l’industrie à se déplacer en masse, malgré les protestations des agriculteurs. 

Un autre point à l’agenda est la durabilité, ou mieux : l’efficacité énergétique. L’augmentation des coûts liés aux salaires, à l’électricité, au gaz, à l’eau doivent être compensés quelque part. Moins on consomme, moins la facture est élevée. Il faut revoir les moteurs. L’Europe place la barre toujours plus haut avec ses obligations en matière de classes d’efficacité énergétique. Les entreprises qui cherchent à améliorer leur efficacité énergétique de plus d’un pour cent avaient l’embarras du choix au salon. De nombreux fabricants ont activement travaillé pour proposer un état de l’art qui dépasse les exigences de l’Europe. On a pu voir ce que cela signifiait au salon. Les moteurs deviennent plus compacts (pour s’adapter aux machines ayant une empreinte réduite), plus flexibles (pour faciliter la mise à l’échelle) et plus faciles à installer (via un seul câble).

Il n’est pas nécessaire de changer la ligne de transmission. La digitalisation et l’économie d’énergie vont de pair et c’était flagrant à Indumation. La collecte et l’analyse de davantage de données permettent de créer des applications IoT pour détecter des optimisations intelligentes en production. Une constante sur de nombreux stands du salon. 

Mais revenons à la durabilité. En 2025, les premières entreprises devront soumettre un rapport CSRD. Ce rapport renfermera des données de 2024 et les efforts réalisés dans les trois domaines ESG, l’état de l’empreinte et la feuille de route avec les mesures à prendre à cet égard. Ce n’est pas rien et cela ne se limite pas à l’efficacité énergétique. L’eau, par exemple, sera une priorité dans les années à venir. C’était déjà visible au salon. Comment récupérer l’eau, la traiter, la réutiliser, … Et comment mesurer tous ces processus. Le salon n’était donc pas uniquement consacré à la transition énergétique et au rôle que l’électrification et de l’hydrogène joueront à cet égard mais également à la manière dont on peut économiser des kilomètres (et donc des émissions de CO2) avec les équipements de service.

Il est déjà possible de produire de manière plus efficace et plus durable, mais qu’en est-il de la sécurité ? L’industrie a encore du pain sur la planche pour se conformer au nouveau Règlement machines d’ici 2027. Cela peut sembler lointain car en 2024 l’accent est mis sur un autre type de sécurité : la cybersécurité. Un thème traité par de nombreuses Classes d’Experts, de l’approche start2cybersecurity aux plateformes cloud avancées et cybersécurisées. Il faut dire que les environnements de production communiquent de plus en plus. Le trafic à sens unique de jadis est révolu. Les machines discutent aujourd’hui entre elles pour obtenir le meilleur rendement possible. Que vous aspiriez à Industrie 4.0 ou 5.0, tout est une question de communication. Pendant le salon, il était possible d’assister à des conférences sur l’un des protocoles en plein essor : la technologie de communication EtherCAT. Elle fonctionne sans adresse IP et n’apparaît donc pas dans la liste des protocoles de communication subissant le plus de cyberattaques. 

La digitalisation attire les générations futures. Les posters des boys et girls bands sont remplacés par des icônes de la technologie comme Musk, Huang, Altman … L’organisateur du salon avait invité les jeunes à participer à un débat passionnant sur le Metaverse. Bien entendu, les jumeaux numériques, les GPU et tout ce qui a trait à l’IA ont été abordés. Qu’attend-on d’un débat sur la technologie de nos jours ? Ou les 125 jeunes techniciens de demain étaient-ils plus attirés par la soirée « beats, vibes, drinks and bites » qui a suivi ? Toujours est-il qu’ils étaient présents et qu’ils ont pu constater que le monde classique de l’automatisation est assez high-tech pour être attrayant. Il revient à l’industrie de prendre des initiatives pour familiariser les jeunes aux technologies de pointe. L’inconnu est mal-aimé. 

Dernière observation de ces trois jours dédiés à la technologie de l’automatisation industrielle : les techniciens et les blocs de construction Lego forment la combinaison idéale. Utilisées pour montrer comment créer facilement une solution IoT ou la valeur ajoutée d’un poste de travail ergonomique, les petites briques colorées ont toujours autant de succès. La technologie dans sa forme la plus pure, qui fait battre le cœur un peu plus vite. 

Merci notamment à ces entreprises pour les entretiens pertinents : ACE Development & engineering, ATEM-Wieland Electric, Bintz Technics, Beckhoff Automation, Endress+Hauser, Eplan, Festo, Fortop, IFM, Ikologik, Inimco, Komotion, KROHNE, Lenze, Leuze, Ninix Technologies, NORD Aandrijvingen, Phoenix-Mecano, Routeco, Rittal, Schmersal, Schneider Electric, Schunk, Sick, Siemens, Stäubli Benelux, TR-Electronic, Turck, VEGA, VMA, Vynze et Zimmer