L’heure est à la politique industrielle

En raison des coûts élevés de l’énergie et des salaires, de l’incertitude persistante en matière de politique de licences et de la concurrence internationale croissante, le secteur de la chimie et des sciences de la vie – qui représente près de 100 000 emplois et 35% des exportations flamandes et belges – est confronté à un affaiblissement de sa compétitivité. Il est donc urgent de mettre en place une politique industrielle à tous les niveaux politiques – local, régional, fédéral et européen – pour renforcer la compétitivité internationale, attirer les investissements, stimuler l’innovation et mobiliser davantage de talents.

Le secteur et l’industrie dans son ensemble sont confrontés à des défis complexes qui nécessitent une transformation radicale et des investissements massifs. Car telle est et demeure notre ambition : développer l’industrie chimique et pharmaceutique durable de demain. Nous n’y parviendrons que grâce à une collaboration intense entre le gouvernement et l’industrie, dans un cadre politique cohérent aidant optimalement les entreprises à développer des innovations, à créer des emplois et à parvenir à une croissance durable et prospère. Avec ce plan de transition sectoriel, nous tendons la main aux décideurs politiques, mais nous osons aussi dire où nous en sommes : il est grand temps de mettre en place une politique industrielle, car le temps presse. 

Le facteur clé de la réussite de la transition industrielle est l’énergie. Il est nécessaire de disposer d’un mix énergétique sûr et compétitif qui englobe toutes les formes d’énergie à faibles émissions de carbone, y compris le nucléaire, couplé à une vision stratégique de l’importation de nouveaux vecteurs énergétiques comme l’hydrogène. En outre, essenscia appelle à la mise en place d’un instrument de transition qui soutienne financièrement et accélère le déploiement des technologies climatiques dans l’industrie, un levier essentiel pour réduire davantage les émissions de CO2.

Dans ce contexte, il est important d’être attentif à toutes les innovations climatiques comme le stockage du CO2, l’hydrogène à faible teneur en carbone, l’électrification ou le recyclage chimique des plastiques et de leur donner toutes les chances dans un cadre politique neutre sur le plan technologique. En outre, une politique d’innovation stimulante est cruciale avec des mesures de soutien fiscal ciblées et un fonds de démonstration pour des projets pilotes et de démonstration pionniers pour accélérer le passage des innovations prometteuses du laboratoire à l’industrie. Pour que la Flandre et la Belgique restent attractives au niveau international en tant que région d’investissement, nous devons également oser nous attaquer aux coûts énergétiques et salariaux, rationnaliser la politique d’octroi de licences et garantir des conditions de concurrence équitables avec d’autres pays en termes de réglementation. 

La transition nécessite également des infrastructures adaptées – des réseaux numériques aux pipelines – et des talents dotés de compétences et de qualifications adéquates. La qualité de l’enseignement doit être améliorée, en mettant l’accent sur les formations STEM orientées vers la pratique comme l’apprentissage dual. Le VDAB, en partenariat avec les centres de formation sectoriels, devrait former davantage de talents techniques et les aider à accéder à un emploi dans la chimie et les sciences de la vie. Attirer des talents internationaux mérite également un soutien accru pour faire face aux pénuries sur le marché du travail. 

Yves Verschueren
Administrateur délégué essenscia